Quelles opportunités dans le monde d'après ?
Le monde d'après ?
A. DES ANTICIPATIONS ECONOMIQUES EN AMELIORATION
Aidées par l’assouplissement des mesures de confinement et par la poursuite des plans de relance, les économies rebondissent, en particulier aux Etats-Unis :
- Aux Etats-Unis, le taux de croissance du 2ème trimestre ressort meilleur qu’anticipé, tiré par le secteur manufacturier et l’immobilier (4ème hausse consécutive des indicateurs avancés d’activités, consommation en hausse sur 1 an, production et commandes de biens durables se reprennent, les permis de construire augmentent).
- En Zone Euro, les chiffres de croissance sont globalement en ligne avec les anticipations avec des disparités, les indicateurs avancés d’activités demeurent en zone d’expansion bien qu’un ralentissement soit observé sans remise en cause du rebond attendu au 3ème trimestre1.
Les résultats des entreprises, très déprimés en termes absolus, ont également surpris positivement au cours de l’été :
- Aux Etats-Unis, 64,8% ont surpris positivement sur le chiffre d’affaires et 82,7% sur le résultat net, en forte hausse par rapport au 1er trimestre2;
- En Europe, 61,4% ont surpris positivement sur le chiffre d’affaires et 55,6% sur le résultat net3.
Après les avoir suspendues durant la crise, les entreprises communiquent de nouveau sur les perspectives de leur activité, ce qui constitue un facteur de soutien.
La prudence demeure cependant avec la crainte de voir la reprise s’essouffler au-delà du rebond initial de l’activité. Les taux de chômage pénaliseront en effet la reprise de la consommation sur le moyen terme (variation du taux de chômage aux Etats-Unis de +10,2% sur un an), en particulier dans les secteurs les plus exposés aux contraintes sanitaires comme le tourisme, la restauration ou les loisirs. Bien que le pire de la crise semble derrière nous, le calendrier est sensible à court terme, avec la reprise possible de la pandémie, les élections américaines, la reprise des tensions entre la Chine et les Etats-Unis (Ouighours, tensions sur les valeurs technologiques, Hong Kong…), les tensions en méditerranée entre la Turquie et certains pays européens. A plus long terme, il faudra également gérer les stocks de dette accumulés notamment par les Etats suite aux différents plans de relance, mais aussi par certaines entreprises.
B. DES MARCHES TOUJOURS FAVORABLEMENT ORIENTES
Pour l’heure, les marchés demeurent insensibles à ces risques et poursuivent la tendance débutée mi-mars.
- Sur les marchés d’actions américains,
- Le MSCI World en Euro, bien que toujours négatif depuis le début de l’année à -2,28% au 31 août, a repris +37,89% depuis le point bas du 23 mars.
- Le Nasdaq 100 en Euro, affiche une performance exceptionnelle de +60,67% depuis le point bas du 16 mars, lui permettant d’afficher une performance sur l’année de +30,16%.
- Sur les marchés d’actions européens,
- Le CAC 40 affiche également une reprise importante depuis le 18 mars avec +31,76% bien que la performance 2020 demeure négative à -17,24%.
- Même tendance pour l’Euro Stoxx avec une hausse de +37,16% depuis le 18 mars et une performance 2020 de -12,62%.
- Sur les marchés des taux,
- Les taux 10 américains se sont contractés de près de 1.2 point passant de 1,92% à 0,69%, malgré une légère tension sur août (+12 points de base).
- Même constat du côté des taux européens : le taux allemand est passé de -0,19% à -0,39% (+12 points de base sur août), le taux français de 0,12% à -0,09% (+10 points de base sur août), le taux portugais de 0,44% à 0,42%, le taux espagnol de 0,47% à 0,40%, le taux italien de 1,41% à 1,09%.
Sur les marchés du crédit,
- Les primes de risque tendent à se normaliser après le très fort écartement connu durant la crise, tout en demeurant sur des niveaux supérieurs à ceux de début janvier.
- Sur l’investment grade : les spreads de la Zone Euro et des Etats-Unis s’établissent aux 31 août à respectivement 92 et 151, contre 63 et 112 début janvier (après un pic à 199 et 389)4
- Sur les dettes High Yield : au niveau global le spread est passé de début janvier à fin août de 335 à 477 (avec un pic à 895), en Zone Euro de 268 à 403 (pic à 708), aux Etats-Unis de 315 à 459 (pic à 887), dans les émergents de 427 à 588 (pic à 1072).5
- Sur les dettes subordonnées : les spreads des AT1/CoCos se sont écartés de 168 points de base depuis le début de l’année (passant de 324 à 493, avec un pic à 1898 le 23 mars), de 112 points de base pour les hybrides d’entreprise et de 40 points de base pour les subordonnées d’assurance.6
C. QUELLES OPPORTUNITES DANS « LE MONDE D’APRES » ?
Appréhender la totalité des changements induits par la crise sanitaire inédite semble prématuré. Cependant, certaines transformations sont d’ores et déjà visibles :
- Transition technologique : la pandémie a accéléré la digitalisation et le recours au télétravail. Les besoins en outils informatiques et de communication au sens large ont augmenté, ce qui a particulièrement favorisé les valeurs technologiques américaines.
- Modification des modes de consommation à la fois en termes de transport, de commerce et de loisirs. Accélération du transfert entre commerce physique et e-commerce. Les entreprises devront s’adapter rapidement.
- L’accélération de la transition énergétique : bien que certains secteurs soient tentés d’abandonner les efforts de transition pour privilégier la relance, nous considérons qu’au contraire, la reprise devrait amplifier cette transformation sous l’impulsion des plans de relance que la plupart des gouvernements souhaitent orienter vers une économie durable.
A plus court terme, nous considérons qu’avec les plans de relance des banques centrales et les meilleures perspectives économiques qu’anticipées initialement par les prévisionnistes (taux de défaut plus faibles qu’anticipés, saison des résultats meilleure qu’attendue, croissance des Etats revue en hausse), les actifs risqués demeureront particulièrement attractifs, bien que certains épisodes de volatilité seront à gérer d’ici la fin de l’année.
La recherche de rendement par les investisseurs sera confortée par l’annonce historique du changement de « philosophie » de la Fed, annoncée par J. Powell lors du Jackson Hole symposium fin août, privilégiant la reprise économique à la maitrise de l’inflation et actant ainsi le maintien des taux bas.
1 Sources : Bloomberg, août 2020
2 Sources : Bloomberg, S&P500, 31/08/2020
3 Sources : Bloomberg, Stoxx Europe 600, 31/08/2020
4 Sources : Bloomberg, BofAML, indices IG € (ER00), IG US (C0A0)
5 Sources : Bloomberg, BofAML, indices HY € (HE00), global (HW00), US (H0A0), Emergent (EMUH)
6 Sources : Bloomberg, Crédit Suisse, indices AT1 (CCEUTOBS index), Hybrides (ECHITOBS index), subordonnées d’assurance
(CICITOBS index)
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