La part « retail » du fonds LFIS Vision UCITS Premia de La Française Global Investment Solutions est commercialisée depuis un an. En quoi consiste ce fonds ? Quelle est sa philosophie d’investissement ? Arthur David-Boyet répond aux questions de H24 Finance.
H24 : LFIS Vision UCITS - Premia est un fonds de performance absolue. Quelles sont les raisons qui vous ont poussés vers la gestion alternative ?
Arthur David-Boyet : On assiste depuis quelques années à une mutation de l’industrie de la gestion d’actifs et c’est dans ce cadre que nous avons développé notre thématique Premia.
De nombreux investisseurs voudraient acheter des produits qui montent doucement dans le temps avec une volatilité réduite. Ils pensent alors qu’il suffit de diversifier leur portefeuille avec un nombre important de positions. Le problème, comme on l’a vu en 2008, c’est que lorsque les marchés chutent, les performances de la plupart des classes d’actifs ont tendance à se recorréler : « presque tout peut baisser en même temps ». La corrélation doit être remise au cœur de la gestion : c’est l’enjeu premier d’un gérant qui vise une performance absolue.
D’où notre idée de développer notre approche Premia qui vise à générer cette performance véritablement décorrélée du marché en toute circonstance. Pour cela, nous allons chercher des opportunités du côté de la relative value, c’est-à-dire la gestion long-short, qui se concentre sur le fait de tirer profit de la surperformance de certains actifs par rapport à d’autres selon des critères éprouvés. Notre spécificité réside dans le fait de l’appliquer à un nombre le plus étendu possible de marchés : actions, taux, devises mais aussi volatilité, corrélation, dividendes...
Nous sommes pionniers sur ce type d’approche en France mais également dans le monde : d’ailleurs à ce jour l’essentiel de la collecte a été réalisé hors de France. Nous avons lancé notre premier fonds Premia en décembre 2013 et l’avons décliné dans sa version UCITS (LFIS Vision UCITS- Premia) en décembre 2014. Notre objectif est d’en faire un fonds de référence dans son domaine en Europe. Beaucoup d’autres sociétés de gestion essaient désormais de lancer à leur tour des produits autour de la thématique "Premia" : "Premia" va devenir le nouveau "flexible" pour les investisseurs à la recherche de rendement régulier et de faible volatilité - sans que cela en soit une promesse..
H24 : Quelle est la stratégie ou la méthode d’investissement de ce fonds ?
Arthur David-Boyet : Si les actifs traditionnels ne permettent plus de composer un portefeuille avec des positions suffisamment décorrélées, l’univers des primes de risque lui va nous permettre de le faire. Avec ce fonds, on ne mise plus sur les vues d’un gérant, mais sur notre capacité à identifier des écarts de performances entre actifs comparables, en fonction des flux que l’on observe sur les marchés.
Par exemple, sur les marchés actions, la recherche académique a démontré que les small caps ont tendance à surperformer les large caps sur le long terme. Il peut donc être opportun d’acheter des small caps et de vendre à découvert des large caps, de manière à capter une prime sur le facteur « taille de l’entreprise ». Historiquement, sur les marchés actions US, ce critère a permis de dégager un rendement annuel moyen de 3% par an : c’est la prime Facteur taille.
Toujours sur le marché actions, on exploite également la prime / le facteur « value », en achetant des valeurs qui semblent sous-valorisées et en vendant en parallèle des valeurs qui semblent survalorisées. En moyenne, ce facteur a permis par exemple de dégager historiquement un rendement de 4,8% sur les marchés US.
Ces primes sont si bien identifiées qu’elles sont communément jouées par les gérants actions traditionnels ou gérants long / short Actions.
Néanmoins, à court terme, il est vrai que le rendement de ce type de primes de risque n’est pas toujours satisfaisant. En 2008, certains de ces facteurs n’ont pas fonctionné. C’est pour cela que nous avons également introduit au sein du fonds d’autres stratégies décorrélées les unes des autres.
En plus du long / short actions, nous jouons donc également des primes long-short sur le marché des taux et des devises (les primes dites « académiques »), mais aussi sur la volatilité, la corrélation et les dividendes des actions (primes implicites).
Une troisième famille compose le portefeuille, les primes de portage : arbitrage d’obligations convertibles, prêt/emprunt de titres (repo) et arbitrage de « base négative ». Par exemple, quand la note d’un émetteur obligataire est dégradée par une agence de notation, cela crée des effets de distorsion entre le prix des obligations et leur CDS, et c’est ce type d’inefficience que nous pouvons exploiter.
Il s’agit habituellement de stratégies que seules les banques d’investissement et certains hedge funds utilisent pour faire fructifier leurs capitaux. La spécificité de notre fonds est de réunir en son sein l’ensemble de ces stratégies.
H24 : À quel point votre processus de gestion est-il automatisé par ordinateur ?
Arthur David-Boyet : Six gérants travaillent sur nos fonds Premia au sein de La Française IS. Les gérants du fonds agissent globalement comme des chercheurs de pépites sur certains actifs en s’appuyant sur un processus modélisé d’identification des primes, véritable tableau de bord du gérant. Les primes apparaissent et se dégonflent. Il faut parfois savoir saisir le fruit au moment où il est mûr et l’expérience des gérants entre alors en compte. Sur les primes académiques, la gestion est totalement modélisée privilégiant une approche statistique à une approche discrétionnaire.
H24 : Comment réagirait globalement le fonds Premia en cas de chute simultanée des actions et des obligations ?
Arthur David-Boyet : Nous n’avons pas de boule de cristal mais du fait que le fonds Premia soit géré à travers un grand nombre de stratégies décorrélées entre elles, nous pouvons penser que l’objectif ambitieux du fonds de « monter doucement mais sûrement à moyen terme » ne devrait pas directement être remis en cause même en cas de choc sur ces marchés. On est totalement neutre face à la direction des marchés.
Cela s’était d’ailleurs vu en début d’année 2016, lorsque les marchés actions et les marchés obligataires étaient en difficulté et où le fonds a enregistré une performance positive.
Le premier risque qui subsiste au sein du fonds et de n’importe quel portefeuille est la recorrélation des stratégies notamment à la baisse. Les gérants et le département des risques surveillent cela quotidiennement.
La volatilité du fonds sur ces 12 derniers mois est également toujours restée maîtrisée, atteignant 2,2% pour une performance de +4,26% au 17/02/2017*. Le fonds a ainsi un ratio de Sharpe autour de 2, battant notre objectif initial qui était d’atteindre 1,5.
C’est d’ailleurs également une des forces de ce fonds : il est totalement décorrélé des performances des autres fonds habituellement souscrits par les CGP, et cela signifie qu’il représente une vraie solution de diversification au sein d’un portefeuille global. Il faut préciser à ce sujet que le fonds est référencé sur toutes les plates-formes d’assurance-vie utilisées par les CGP et en cours d’étude chez Generali.
H24 : Quel est le niveau des encours du fonds ?
Arthur David-Boyet : Le fonds a connu une importante collecte l’an dernier : les encours sous gestion sur nos stratégies Premia ont dépassé le milliard d’euros à fin 2016 alors qu’ils s’élevaient à un peu plus de 200 millions d’euros fin 2015. Sur le seul mois de janvier 2017, la collecte a été de 203 millions d'euros. La Française IS gère au total 5,6 milliards d’euros.
Propos recueillis par H24 Finance.
* La part R (LU1012219207) du fonds a été lancée le 17/02/2016. Les performances communiquées sur cette classe sont donc calculées depuis cette date. Pour plus de recul sur le comportement du fonds depuis son lancement (31/12/2014) n’hésitez pas à vous référer à la part IS (LU1162198839) en tenant compte de la différence de frais. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
A noter : préalablement à toute souscription, l’investisseur doit prendre connaissance du DICI et du prospectus du produit concerné mis à sa disposition sur simple demande auprès de LFIS et, en particulier, à la section profil de risque du produit concerné.