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Du côté des actions, les tensions commerciales influencent les orientations des résultats


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Il y a deux mois nous avions adopté une attitude prudente à l’égard du marché des actions européennes afin de limiter notre exposition, alors que les prémices d’une guerre commerciale se mettaient en place. Au-delà de cette option tactique, notre opinion fondamentale restait positive quant aux perspectives de croissance des actions de la zone euro.

Les indicateurs conjoncturels montrent un ralentissement de la croissance, mais restent toutefois compatibles avec un rythme de croissance de la zone euro supérieur à 2 %. Cette phase de ralentissement nous conduit à maintenir notre attitude prudente. Au-delà de la ponction sur la consommation liée à la hausse du prix du pétrole, deux facteurs plus fondamentaux justifient cette prudence :

  • le freinage et le ralentissement effectif du commerce mondial,
  • le risque associé d’un retournement à la baisse de l’investissement.

Cette combinaison pourrait entrainer une croissance de la zone euro sensiblement plus faible que celle attendue et par là même une potentielle déception affectant la croissance des résultats des sociétés.

Le président des Etats-Unis a multiplié les annonces protectionnistes au cours des derniers mois. Nous sommes désormais entrés dans la phase de leur mise en oeuvre : depuis le 1er juin les importations d’acier et d’aluminium provenant de l’UE, du Mexique et du Canada sont taxées à respectivement 25 % et 10 % et ont entrainé des réponses graduées. Les taxes sur les produits chinois effectives depuis le 6 juillet portent sur environ 35 Mds $ et Pékin a promis de répliquer immédiatement par des mesures similaires. Les Etats-Unis ne devraient pas en rester là puisque M. Trump menace de porter au total à 450 Mds $ la valeur des produits chinois taxés (soit la grande majorité des importations venues du géant asiatique et 200 Mds $ de plus qu’anticipé).

Le risque majeur est évidemment celui d’une escalade et d’un passage vers une guerre commerciale avec des effets négatifs sur les échanges internationaux et la croissance mondiale. Le risque est également élevé pour l’économie américaine. Des états qui ont voté Trump en 2016 sont vulnérables aux mesures protectionnistes. Ainsi, l’intensité et la durée des tensions commerciales pourraient être influencées par les électeurs.

D’ores et déjà, les marchés anticipent les effets de ce virage protectionniste des Etats-Unis et les risques de guerre commerciale sont aujourd’hui au sommet de la liste des inquiétudes des investisseurs après plus de vingt ans de « certitudes » autour de l’expansion du commerce mondial. Les marchés européens ont sensiblement corrigé le mois dernier et particulièrement ceux les plus exposés au commerce mondial comme l’Allemagne ou la Suède. Il en va de même pour les secteurs les plus exposés au commerce international qui ressortent dans le rouge, à l’instar des matériaux de base, la technologie, les titres industriels ou l’automobile. Concernant le secteur automobile, dernière cible désignée par le président Trump, les incertitudes devraient persister même si l’ambassadeur américain en Allemagne, a déclaré que Donald Trump pourrait suspendre sa menace d’appliquer un tarif de 25 % sur les importations.

Notre prudence avant la publication des résultats du 1er semestre ce mois de juillet tient moins aux niveaux des résultats, qui devraient être plutôt bons, qu’aux commentaires des dirigeants des entreprises concernant les effets de la hausse des tarifs douaniers et de leurs impacts sur le rythme des investissements. En juin, Daimler a abaissé ses perspectives de résultats attendus pour 2018 pour refléter l’impact des tensions commerciales. ABB a également commenté ces tensions pendant qu’Assa Abloy accélère ses amortissements en Chine en raison d’un ralentissement d’activité. La guerre commerciale est prise en compte par les investisseurs. Ses développements influenceront leurs positionnements.



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